Il y avait plein de raisons pour passer à table, ce W.E., et ne pas en sortir trop vite : les giboulées de saison ne nous ont pas lâché, et c'étaient les 6 ans d'Adèle, fêtée chez sa marraine, cool, avec le pâté de pommes de terre diététique, recette ancestrale assurée par grand-maman pour l'occasion, héritage de la branche paternelle limousine de la famille, en quelques mots, un régal avec un morceau duquel chacun a pu repartir en souvenir, parce que le nombre de convives avait été mal apprécié.
C'était fameux !

Adèle que l'on fête, c'est la pêche qui s'ouvre. Rien à voir avec Adèle, sinon la concomitance des dates, ce sera comme ça toute sa vie, au grand bonheur de son frère, Emile, qui est sûr de profiter de cette raison de se retrouver pour fêter cette ouverture chaque année, ouverture pour laquelle il peaufine son équipement et ses techniques, afin de pouvoir accompagner dignement Xavier, son maître, le grand moucheur devant l'Eternel dans sa tête propice à l'émerveillement champêtre.

Cependant, cette année, ben... c'est plouf. Le lieu choisi est pourtant magique, et cette fin d'après-midi qui a vu s'éloigner semble-t-il définitivement la pluie (ça fait 2 heures que les filles jouent dehors en bottes) semble idéale, sauf le risque de savoir les cours d'eau boueux des pluies de la nuit précédente.
Seulement voilà, les cannes montées, le grain qu'on espérait voir passer au loin nous tombe dessus. La température chute, le vent forcit inconsidérément, la grêle nous frappe. Nous nous réfugions sous un saule, en attendant que la giboulée s'éloigne, mais c'est bien une averse drue et froide qui se maintient et nous force à... plier les gaules.

A plus tard, truites, perches, chevennes... La saison ne fait que commencer.
En fin de journée, retour aux urnes, où nous avions accompli notre devoir avant de passer à table. Le dépouillement dans une commune de 400 habitants, une partie de plaisir ? J'aurais préféré voter électroniquement, le débat aurait duré moins longtemps.
Dans une salle comble pour l'occasion (ça ne se produit jamais lors d'aucune autre élection), il aura fallu presque 3 heures pour départager une liste (11 noms) et demie. Heureusement qu'on ne votait pas pour les cantonales. Tout ça pour que les uns et les autres fassent au final les mêmes choses. Avec un budget très faible, la marge des investissements et des choix est minime.
Mais, sur fond de portrait présidentiel raide et sépia, et de clocher sonnant l'Angélus, l'atmosphère avait quelque chose de délicieusement surannée.